le travail qui relie
Travail Qui Relie et Joanna Macy
Dès les années 70, la philosophe américaine Joanna Macy a conçu des ateliers et une méthodologie permettant d’aller à la rencontre de nos émotions face aux crises actuelles et à l’état du monde, à les exprimer dans l’espace bienveillant du cercle pour les transformer en engagement créatif. C’est une façon puissante de renforcer nos intentions et nos actions.
Joanna Macy est systémicienne, spécialiste du bouddhisme, de l’écologie profonde et de l’écopsychologie.
Elle a plus de 90 ans maintenant.
Résistance pour la Vie
A la fin des années ‘70, Joanna Macy s’est beaucoup investie dans des activités militantes qui dénonçaient les conséquences des centrales nucléaires sur la santé et l’environnement. Et plus elle en savait, plus elle était horrifiée. Mais elle se rendait compte que les personnes qu’elle essayait de sensibiliser n’avaient pas envie de savoir, parce que l’horreur de toutes ces destructions, la destruction de la vie, étaient trop difficiles à regarder. C’est alors qu’elle a commencé à mettre en place des processus de groupes pour pouvoir reconnaître notre désespoir face aux désastres écologiques.
Travail Qui Relie
Au cours des années ’90 et notamment avec l’apparition du manuel de base ‘Coming back to Life’, les ateliers ont pris le nom de « The Work That Reconnects », traduit en français par le « Travail Qui Relie » (TQR).
Un nom qui dit bien son intention: dépasser l’illusion de notre séparation, et rétablir des liens à soi, aux autres et au vivant
La spirale en quatre étapes
Un atelier de Travail Qui Relie se déroule en suivant un processus en spirale, comprenant 4 étapes.
La spirale est le fil conducteur qui permet aux participants de vivre un véritable processus, et non une série d’exercices enfilés les uns après les autres.
Organique, une étape prépare et en amène une autre.
Les spirales se suivent et peuvent faire des sous-spirales.
1. En nous ancrant dans la GRATITUDE, nous nous ouvrons à l’émerveillement devant la beauté et l’intelligence du vivant. Il s’agit de retrouver pour l’humain sa juste place sur terre, et de guérir notre relation à la Terre. En nous ouvrant à la gratitude, nous faisons acte révolutionnaire aussi face à une société de consommation qui se fonde sur la création de besoins à jamais insatisfaits et l’idée de croissance infinie.
Cela apaise l’esprit frénétique et nous ramène à la source, stimulant notre empathie et notre confiance. La gratitude nous aide aussi à être plus pleinement présents à nous-mêmes et à ce qui nous entoure. Nous nous ouvrons à de l’émerveillement, à la joie de la Vie, en nous et autour de nous.
2. Nous sommes ainsi prêts pour la seconde étape qui nous permet de reconnaître et accueillir la douleur que nous portons pour ce monde.
En osant RECONNAÎTRE NOTRE PEINE, nos sentiments de colère, de tristesse, de peur ou d’impuissance pour le monde, nous exprimons notre sensibilité à des situations qui vont au-delà de notre sphère privée et ainsi notre appartenance à un système plus vaste, en relation avec la communauté des êtres vivants sur Terre. Nous rompons l’isolement de la souffrance et devenons capables d’embrasser l’espace bien plus large de notre inter-existence.
Et en osant exprimer notre vérité, nous nous ouvrons aussi à la possibilité d’être « respons-able », capable de répondre et de réagir aux menaces qui pèsent sur l’ensemble de la planète.
3. Cette appartenance mutuelle nous fait naturellement ouvrir sur le monde un NOUVEAU REGARD, dans lequel les êtres ne sont plus séparés mais en interconnexion profonde/radicale, ç’est-à-dire jusqu’aux racines de notre vie.
Nous pouvons alors être nourri dans un changement de perception, voir le monde avec un regard neuf qui ne place plus l’Homme au centre (anthropocentrisme) mais le vivant dans la complexité de ses interrelations (écocentrisme).
4. Nous sommes alors soutenus pour ALLER DE L’AVANT, dans nos projets et nos engagements, dans notre participation au changement de cap, vers une société qui soutienne la vie. Il s’agit d’aller vers les actions qui nous appellent, en fonction de qui nous sommes très précisément, notre situation, nos dons, nos limites qui sont aussi des forces, des sensibilités. Et de trouver les appuis et le soutien nécessaires en tissant un réseau de personnes, acteurs engagés et éclairés. Ceci sans attendre un plan directeur général, car « chaque étape sera notre professeur », apprenant de nos échecs et de nos doutes.
En vivant une spirale, nous cheminons et nous ne sommes pas les mêmes qu’en y entrant.
Le Travail Qui Relie est une pratique qui s’offre à nous quand nous en avons besoin.
Il est bon d’y replonger fréquemment.
Et c’est en communauté que nous pouvons tisser, nous relier et faire face ensemble aux défis de notre époque !